Depuis plusieurs années déjà, les habitants de Tagoudoum, soutenus par AET (Association des Éleveurs du Ténéré), souhaitaient mettre en place du maraîchage. Quelques essais avaient été tentés antérieurement, mais totalement abandonnés.
En 2014, AET a acquis la propriété de 5 hectares près du village dans cette optique.
Pendant la saison des pluies (de juin à octobre) 2018, des habitants ont confirmé cet engagement en utilisant très efficacement une petite dotation de 400€ que AET France-Niger a mis à leur disposition. Ils ont cultivé céréales et légumes partout où ils l’ont pu. Pour protéger les cultures des chameaux, chèvres et autres animaux qui vagabondent, ils ont utilisé les clôtures existantes (autour du château d’eau par exemple) ou ont fait de petites haies en broussailles, mais ce ne pouvait être que limité, fragile et provisoire.
autour du château d’eau Une clôture de fortune
Devant les bons résultats, la volonté de cultiver professionnellement et dans de bonnes conditions s’est confirmée. AET France-Niger a donc décidé de soutenir cette action, pour de nombreuses raisons :
- C’est une demande qui vient directement des habitants.
- La terre est bonne : dès qu’il pleut, tout pousse.
- Cela permettra d’améliorer grandement l’alimentation des familles de Tagoudoum, et donc leur santé (notamment des enfants).
- Le marché du vendredi permet d’écouler l’éventuel excédent de production.
- Dix maraîchers étaient immédiatement prêts à s’engager et deux familles à déménager près du terrain pour en assurer la surveillance.
- C’est autant de personnes qui peuvent travailler, sans compter les femmes qui peuvent transformer les produits pour les utiliser en période sèche, et les vendre sur le marché.
Nous avons donc décidé en 2019 de monter un dossier de demande de subventions auprès de la région Occitanie, il a été accepté, consistant en :
– clôturer solidement 1 ha du terrain acquis par AET,
– assurer la formation de la dizaine de personnes engagés dans ce projet, les habitants de Tagoudoum n’ayant pas, une tradition d’agriculteurs ; l’eau étant très cher, il est indispensable que les meilleures techniques soient utilisées,
– constituer une coopérative pour organiser la meilleure utilisation du terrain, gérer la production, et faire reconnaître cette activité par les autorités.
Projet de 12 000 € financé à 50% par la Région pour une durée de 2 ans (+ 6 mois à cause du Covid)
Le premier travail, long, difficile et coûteux, a été de réaliser la clôture d’un hectare ; clôture qui doit résister aux animaux, au vent, aux inondations …
Il a fallu choisir et chercher le matériel à Agadès (200 km de routes très accidentées), engager un maçon spécialisé pour coordonner l’ensemble, faire travailler soudeurs, maçons et volontaires avec des outils rudimentaires. Commencée en mars, la clôture était finie en juin et fait l’admiration de tous.
AET reste propriétaire du site. Dix maraîchers ont chacun un terrain d’environ 500m2, dont ils sont responsables ; la moitié de l’hectare est gérée collectivement par ces dix maraîchers. AET fournit les outils, les premières semences, et des arbres fruitiers qui ont été plantés dans la partie collective.
Quelques petites parcelles sont confiées à des gens particulièrement dans le besoin.
En janvier 2021, l’organisation de la formation des maraichers reste à finaliser, ainsi que l’installation d’une coopérative.
L’arrosage indispensable est encore problématique (tirer l’eau au puits pastoral est trop compliqué, la transporter depuis une borne fontaine du forage avec l’âne et une cuve placée sur la charrette sur 700 m est possible mais il faut la payer). Il faut encore réfléchir aux meilleures techniques.
Malheureusement, les pluies n’ont pas été favorables pendant cette première saison 2019 et les récoltes sont décevantes. Nous avons donc financé, en 2020, de refaire la clôture d’un terrain de 400 m2 appartenant à Doutchi, qui avait été exploité puis abandonné (sans doute faute d’une bonne clôture). Ce terrain proche du forage est équipé d’un petit château d’eau de 2 m3 qui permet donc l’irrigation.
Reste la formation …